lundi 29 décembre 2008

The Road Christmas




On connaissait le Road Movie.
Eh bien, chez nous, on a inventé le Road Christmas.
Voici comment.


Décembre 2008. Il va y avoir déjà huit ans que mon ex-mari a déserté le domicile conjugal. Cependant, si depuis l'enfance Noël a toujours été pour moi une source d'angoisse, générée le plus souvent par un manque d'expression personnelle, je devrais maintenant être en mesure de "gérer" ce moment avec... sérénité !


Ce serait compter sans les impondérables. Je ne sais pas chez vous, mais chez nous, il y en a toujours des "ponts d'érables" !

Le 21 novembre, je fais une chute au travail. On me dit d'abord que c'est une entorse... qui s'éternise. Malgré la douleur, la radio ne révèle rien. Puis une scintigraphie révèle la triple fêlure des métatarses 3 et 4, et du calcanéum, indécelables par l'imagerie médicale classique.


Je pensais vraiment que pour Noël je serais rétablie. Mais le diagnostic effectué un peu tard, j'ai été plâtrée un peu tard également. Néanmoins depuis octobre, je préparais Noël : commande d'un jouet ici, versement d'arrhes par là, bref, je m'étais organisée, "le cas échéant" comme on dit. Et bien sûr, le cas échut !


Me voilà "coincée" en Corrèze, à cloche-pied de la table à la chaise, rongeant mon frein.

Mes filles sont installées l'une à Paris, l'autre à Sète et la troisième au Mans. L'une d'elles me propose de venir en train et de me remonter en Normandie avec ma voiture, où nous devions nous retrouver ensemble pour fêter Noël, le 22 décembre, afin de tenir compte des familles éclatées et recomposées.

Au dernier moment, après cogitation et conseil au sommet entre elles, elles décident de venir plutôt que de me faire voyager avec mon plâtre. Chacune viendrait de sa région, Myriam arrivant en voiture avec Yannis et mes quatre petits-enfants.

Là commence "The Road Christmas" !

Edith prend d'abord le train, samedi 20, de Montpellier à Brive, où nous allons la chercher. Il est prévu qu'elle m'aide à faire les courses et les préparatifs.
Noémie rate un premier train au départ de Paris, et arrive par le dernier qui passe à Brive à minuit, dimanche 21. Nous allons la chercher à la gare.

Là, petite pause et retrouvailles affectueuses. On se montre nos achats, on emballe les cadeaux, en lutins du Père Noël qui se respectent, et on commence à disposer les paquets sous le sapin, tout en sachant que certains sont encore en commande à Tinchebray ou à Vire. Pour ces derniers, on confectionne de jolies enveloppes avec la mention "bon pour...".
On se couche tard : tant de choses à faire et à se dire ! Chacun s'endort pour un repos bien mérité.


Sur le coup de cinq heures du matin, le 22 décembre, le télephone nous tire du sommeil. C'est Myriam qui annonce une panne de voiture à 150 km du Mans. La voiture redémarre mais impossible d'envisager encore 250 km dans ces conditions, sans compter les risques de nouvelle panne au retour, dans la nuit, avec les enfants. Tous les six doivent rebrousser chemin.

La fête semble à nouveau compromise ! Mais c'était sans compter avec les lutins de Noël. François décide alors de préparer comme si tous étaient là. Si les enfants ne viennent pas, c'est Noël qui ira à eux ! A midi, on mange un mini repas de Noël à quatre.
Et à 16 heures, voilà Edith et Noémie qui embarquent le vrai festin de Noël, tout cuit et emballé dans une glacière, plus les cadeaux évidemment, pour la famille de Myriam restée en rade dans la Sarthe.

Arrivée au Mans à 22 heures. Les enfants, déçus de la mésaventure du matin, levés à 4 heures, attendent leur tantes avec ferveur. Ce sont eux qui ont dressé une belle table décorée de bougies. Tout le monde apprécie "le" repas de Noël et les présents (apportés par mes deux lutins qui ont fait 400 km pour suppléer le Père Noël). Joyeuse soirée, ambiance et papier cadeau dans tous les coins. Les enfants n'attendent pas pour utiliser leurs jouets. Samantha, qui a reçu un balafon, étale délicatement le joli papier sur le sol, s'en fait un tapis où elle dépose l'instrument, s'assoit en tailleur, et se met à jouer une mélodie.
Vous avez dit "magie" ?


Le lendemain matin, elles partent pour Vire (200 km) chercher leurs cadeaux à elles, commandés et payés mais que je n'avais pas encore pu retirer au magasin, à cause de mon immobilisation en Corrèze. Elles s'arrêtent prendre mon courrier au passage. Puis les voilà en route pour Caen (80 km), chez leur père qui les attend aussi avec un repas de fête. Il s'étonne de leur retard !
Nous sommes le mardi 23 décembre.


Mercredi 24, mes deux lutins, Edith et Noémie, se lèvent à 5 heures du matin pour reprendre la route. C'est avec ma voiture qu'elles ont entamé ce périple. Nous en avons besoin, mon compagnon et moi : on nous attend chez ses enfants près de Toulouse pour le réveillon.


Epuisées par 4 heures de sommeil depuis trois nuits, elles se relaient au volant, boivent du gingembre revigorant, rigolent, font des pauses, se trompent entre Châteauroux et Châtellerault, se rallongent la route, pour arriver enfin à Limoges et déposer le premier lutin chargé comme une mule à la gare, direction Paris.

Seul le second lutin continue vers la Corrèze où elle arrive le 24 décembre à 15 h 15.

Le temps de faire pipi, de charger le coffre pour le Sud et, à 15 h 30 on change de chauffeur, direction Toulouse par l'autoroute A 20 (qui sera bloquée par la neige au retour, mais c'est une autre aventure où on décidera de ne plus jamais partir sans couverture de survie ni lampes de poche, histoire de faire son igloo soi-même en attendant les chasse-neige).

Mon lutin n°2 a raté le train de 17 heures pour Montpellier. Elle attrappe celui de 18 h 44, juste à temps. Edith fêtera Noël à Montpellier dans la famille de son compagnon, et nous près de Toulouse, dans celle de François !

Ce "merveilleux-Noël-malgré-tout" fut dignement baptisé "The Road Christmas".

Oui, je sais, il faudrait à la fois faire des économies de CO2 pour ne pas contribuer au réchauffement de la planète en évitant les déplacements, et en même temps changer de région pour trouver du travail, accepter les familles éclatées/recomposées tout en maintenant les valeurs familliales, renouer les liens affectifs et préserver la magie de Noël... Tout cela malgré les pannes de voiture et les pieds cassés !

S'éloigner de "son arbre", la vie nous y oblige.
Comment rester zen et parer aux ponts-d'érables ?

Mes deux lutins l'ont fait, pour l'amour de chacun d'entre nous !
Ne les traitez pas de douces dingues, mais de généreuses filles. Elles sont de ces belles femmes de "maintenant", toujours prêtes avec leur sac-à-dos sur les fesses (elles sont nées avec) dès qu'il s'agit d'aller voir leur mère, leur père et leur soeur Myriam et sa grande famille !

C'EST CELA NOEL, CHEZ NOUS !







Nos anges gardiens nous ont protégés et ne riez pas, ceux qui n'y croient pas : le diable divise et Dieu réunit...

Comme je suis heureuse d'etre la maman de ces trois filles-là, auxquelles j'ai appris le courage d'aller au-delà de ce que l'on peut ou imagine pouvoir, sans à leurs yeux passer pour folledingue ! C'est comme celà que j'ai élevé cette famille que je croyais unie pour le meilleur et pour le pire...

Merci, mes chéries bien-aimées, là ou il n'y a pas un peu de folie, il n'y a pas de sagesse. Prenez soin de vous, prisme merveilleux d'amour démultiplié, tryptique bonheur dont l'âme et le visage sont en congruence, beautés intérieures autant qu'apparentes, vos valeurs sont les miennes, avec le courage en bandoulière d'agir plutôt que de laisser tomber parce que trop difficile !

La Route de Noël passe par vous, et la Famille, pour moi, est toujours une valeur sûre...

Là, je pleure...


mardi 23 décembre 2008

Tsimen Tsijan




Histoire écrite par Edith, illustrée par Myriam, sa soeur, texte dit par Léonore, Samantha, Miel et Yaël, les enfants de Myriam. Montage vidéo par Yannis Barré.